Et si les enfants n’étaient pas assez actifs ? Quelles activités pour les aider à bouger ?

“Il saute partout”, “elle ne tient pas en place”, “ils n’arrêtent pas !”…
On a coutume de penser qu’un enfant, ça bouge…. parfois même un peu trop ! Et pourtant, la réalité est tout autre. De nombreuses études scientifiques se sont intéressées à l’activité physique des enfants, et leurs conclusions sur le niveau d’activité des enfants battent en brèche les idées reçues.

Idée reçue n°1 : les enfants sont naturellement actifs

Il suffit de regarder les enfants dans une cour de récréation pour en être convaincu : un enfant, ça court, ça saute, bref, ça se dépense ! Pourtant, lorsqu’on mesure précisément l’activité physique des enfants, les résultats sont surprenants.
Une équipe de scientifiques [1] s’est ainsi intéressée à l’activité d’un groupe de 15 enfants âgés de 6 à 10 ans : sur une journée, les enfants ont une activité physique intense seulement 3% du temps, soit moins de 22 minutes par jour ! Et ces périodes d’activité intense durent essentiellement moins de 15 secondes… Résultat : on voit les enfants avoir des “pics d’activité” très fréquemment dans la journée (ils piquent un sprint ou se mettent à sauter sur place), mais cette activité intense n’est en réalité pas maintenue suffisamment longtemps pour avoir des effets sur les capacités physiques.
En France, la dernière étude de grande ampleur [2] a montré que chez les 6-17 ans, seuls 28% des garçons et 18% des filles atteignaient les recommandations de l’OMS en matière d’activité physique. C’est (très) peu…

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Pour mémoire, l’OMS recommande minimum 60 minutes chaque jour d’activité modérée à soutenue, majoritairement des activités d’endurance, dont des activités intenses 3 fois pour semaine pour favoriser le développement musculaire et osseux (voir les recommandations de l’OMS).

On voit donc que spontanément, l’activité des enfants n’est pas si élevée qu’on pourrait le penser, et reste loin des recommandations pour être en bonne santé.

Idée reçue n°2 : les enfants sont de plus en plus actifs au fil du temps

A l’heure où l’hyperactivité et les troubles de l’attention sont de plus en plus médiatisés, on imagine facilement des enfants toujours en mouvement, avec des difficultés à rester calme (sauf sous l’influence d’un écran…).
Pourtant, c’est la tendance inverse qu’on observe au fil du temps : en 40 ans, la capacité cardiovasculaire des 9-16 ans a baissé de 25%. En France, entre 2006 et 2016, le niveau global d’activité des enfants de 6 à 10 ans a baissé [2].
Et au-delà du simple niveau d’activité physique, ce sont les capacités motrices des enfants qui diminuent de façon dramatique… Courir, sauter, lancer une balle ou la rattraper, se tenir sur un pied : des gestes “naturels” pour les enfants, qu’ils maîtrisent pourtant beaucoup moins bien aujourd’hui.

En 1994, les enfants pouvaient passer en moyenne 22 secondes en équilibre sur une jambe, contre seulement 15 secondes en 2018. [3]

Même constat quand il s’agit de faire rebondir une balle : en 1994, les enfants faisaient rebondir 14 fois la balle en 20 secondes, mais seulement 8 fois en 2018.
Oe, le développement de ces capacités motrices durant l’enfance est essentiel pour s’assurer une vie adulte en bonne santé, avec une capacité physique permettant d’être à l’aise dans la vie active.bretagne-sport-sante-idees-activites-bouger-enfant-actif-ballon

Pourquoi est-ce si important de bouger pour les enfants : les bénéfices de l’activité physique pendant la croissance

D’un point de vue physiologique, l’activité physique chez l’enfant a de nombreux bénéfices, non seulement dans l’immédiat mais aussi (et même surtout !) pour sa santé future. Un enfant peu actif, c’est un futur adulte avec plus de risques de développer, par exemple, un surpoids ou des maladies cardiovasculaires.
L’activité physique régulière chez l’enfant favorise un développement harmonieux : habiletés motrices (équilibre, agilité), développement musculaire, capacité physique (endurance). C’est également un facteur-clé d’une bonne croissance et solidité osseuse. C’est en bougeant enfant qu’on se fabrique des os costauds et qu’on évitera la fracture du col du fémur dans quelques décennies !

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Quelques précisions sur les os et leur solidité

Le capital osseux se constitue exclusivement avant 20 ans, pour atteindre un plateau puis diminuer inexorablement à partir de 25/30 ans. Il faut donc développer une masse osseuse la plus importante possible dans l’enfance pour diminuer le risque de fracture plus tard ….
Et pour stimuler la croissance osseuse, rien ne vaut l’activité physique !

L’activité physique permet également de réguler le poids, de développer les capacités cardiorespiratoires et cardiovasculaires, de mieux contrôler le taux de sucre ou de cholestérol dans le sang. Elle diminue donc le risque de souffrir d’une maladie du cœur, de diabète, d’obésité et de certains types de cancers à l’âge adulte.

Par ailleurs, l’activité physique a de nombreux bénéfices sur un plan social et relationnel : meilleure concentration en classe, intégration plus facile dans un groupe d’enfants, bonne image de son corps… Un enfant qui bouge est un enfant heureux ! Et en bougeant suffisamment durant la journée, il pourrait même être plus calme à la maison 😉

En pratique – 10 idées pour aider son enfant à bouger

Maintenant qu’on sait que les enfants ne bougent pas assez alors que c’est indispensable à leur santé, actuelle et future, que faire ???
Bonne nouvelle, nous vous proposons 10 idées pour aider son enfant à bouger ! Si vous ne pouvez pas toutes les appliquer, vous pouvez déjà en essayer quelques unes et garder celles qui plaisent à votre enfant et conviennent à votre famille.

  1. Favoriser la marche à pied.
    Notre quotidien est une course constante : on est en retard pour aller à l’école le matin, on court pour attraper son bus ou trouver une place de parking, on se dépêche pour ne pas rater l’heure de fermeture de la crèche… Et si on repensait son emploi du temps ou son organisation pour permettre des petits temps de marche dans la journée ? Se garer à 200 mètres de l’école sur un parking vide, puis marcher tranquillement jusqu’à l’école, c’est quand même plus agréable que repasser 3 fois devant l’école et s’énerver parce qu’on ne trouve pas de places ! Et au final, ça ne vous prendra pas plus longtemps…. Même chose sur le parking du supermarché ou pour aller en centre ville : se garer un peu plus loin vous fera gagner en sérénité sans vous faire perdre du temps !
    Et pour aller à l’école, pourquoi pas un pédibus avec les enfants du quartier ?
  2. Aménager des pauses actives dans son quotidien
    Les enfants sont soumis au même rythme de vie (souvent oppressant) que les adultes. A partir de l’école primaire, un temps de relâche avant de se plonger dans les devoirs sera bénéfique pour tous (bien plus qu’un temps d’écran). Sortir s’aérer, courir, ou tout simplement rentrer de l’école à pied ou en vélo.
  3. S’équiper pour bouger au quotidien
    Trottinette, vélo, rollers… Chacun sa monture ! L’astuce : inutile de TOUT acheter. Pensez simplement à échanger avec les parents des copains, et investissez dans l’accessoire où votre enfant se sent le plus à l’aise. N’hésitez pas à échanger régulièrement vos équipements, l’effet “nouveauté” sera motivant pour l’enfant qui aura envie de tester à nouveau ce nouvel équipement (parce que le vélo, aussi beau soit-il, est moins attirant au bout de quelques semaines, alors que les rollers du copain feront sensation).
  4. Aménager les espaces extérieurs
    Pour ceux qui ont un jardin, rendez-le attractif pour les enfants ! Un but de foot amovible, un panier de basket, pourquoi pas un trampoline ! Il est important de faire en sorte que les enfants aient envie d’aller jouer dehors. Et on en profite pour prendre l’air, nous aussi 😉 Dans le même temps, veillez à la sécurité. Si les risques sont minimisés, vous pourrez laisser votre enfant sortir dans le jardin en le surveillant de l’intérieur, sans être obligé d’être avec lui dehors.
  5. Bousculer les espaces intérieurs !
    Il pleut, il fait trop froid pour sortir ? Ou la canicule vous impose de rester au frais, volets fermés ? Laissez les enfants investir l’espace et installer un parcours géant dans la maison ou l’appartement. Fous rires garantis ! Ils développeront à la fois leur créativité, leur capacité physique et leurs habiletés motrices.
  6. Inviter les copains
    Pour un enfant, c’est quand même plus facile de se dépenser et de bouger quand il n’est pas tout seul ! On essaie donc d’inciter les enfants à jouer ensemble, et pour ça, on n’hésite pas à inviter les copains. Oui, ça risque d’être un peu bruyant et fatiguant le temps d’une après-midi… Mais comme pour les équipements extérieurs, on échange : c’est chez vous aujourd’hui, ce sera chez Basile mercredi prochain, et chez Léa le samedi suivant !
  7. Adopter l’accessoire magique
    Mieux qu’une baguette magique pour faire bouger les enfants ! Pas cher, léger, peu encombrant, et des possibilités de jeu quasi-infinies. Je suis… le cerceau ! S’il a connu son heure de gloire il y a quelques décennies, on ne le voit plus aujourd’hui que dans les salles de motricité à l’école. Pourtant, les enfants (et les adultes !) peuvent s’entraîner à le lancer, le rattraper, le faire rouler, courir après, le lancer à un copain, et bien sûr maîtriser le fameux houla-hoop ! Des heures de jeu (c’est ce qui est important chez l’enfant) qui permettent de bouger tout en s’amusant.
  8. Penser aux activités extra-scolaires.
    Bien loin de la compétition sportive précoce, il est tout à fait possible d’initier son enfant à une véritable activité sportive dès le plus jeune âge. L’activité sportive est une activité physique qui a la particularité d’être codifiée et structurée. Dans la vie de tous les jours, on bouge et on fait de l’activité physique. Quand on est sur un terrain de sport, on suit des règles et on fait des mouvements pré-déterminés, on pratique donc une activité sportive. Il est tout à fait possible pour les enfants de découvrir des activités sportives, attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès inverse et à ne pas remplir son agenda d’activités sur tous les créneaux disponibles (sinon il n’aura plus le temps de profiter du jardin ou de sa trottinette).
  9. Passer en mode collaboratif
    Un enfant seul dans sa chambre sera moins actif qu’avec d’autres enfants.
    Un parent seul aura moins de ressources qu’un groupe de parents pour aider son enfant à bouger.
    Parlez-en autour de vous et organisez-vous avec d’autres parents ! Que ce soit pour échanger des équipements type rollers ou trottinettes, pour organiser un pedibus, pour proposer des après-midis récréatifs ou une sortie au parc, il y a forcément une idée que vous pouvez lancer. Commencez maintenant : partagez cet article autour de vous, par mail aux autres parents, à l’association de parents d’élèves de l’école, ou sur les réseaux sociaux.
  10. Apprendre à lâcher la pression en tant que parents…
    Oui, un enfant peut sortir quand il fait froid ; oui, il va se salir ; oui, il va se mouiller, oui, il va forcément tomber et se faire mal un jour ou l’autre. Les enfants sont plus forts qu’on ne le pense, et tout ça fait partie de leurs apprentissages. Et tomber en jouant, ce n’est pas le plus grand risque qu’ils courent…

[1]Bailey RC, Olson J, Pepper SL, Porszaz J, Barstow TL, Cooper DM. The level and tempo of children’s physical activities: an observation study. Med Sci Sports Exerc 1995;27:1033-41. –> lire l’article entier.
[2] Etude Esteban, résultats 2014-2016, chapitre Activité physique et Sédentarité → lire l’article entier.
[3] Courir, sauter, lancer : des habiletés qui se perdent chez les enfants → lire l’article entier.

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