Sitting is the new smoking : qu’est-ce que ça signifie ?

Peut-être n’avez-vous jamais entendu cette phrase, prononcée par un médecin américain il y a quelques années. En français, on pourrait la traduire par : « Rester assis est le nouveau tabagisme ».
Et elle résume assez bien la problématique actuelle !
D’une part, concernant le fait que la sédentarité, aujourd’hui largement répandue, a un impact dévastateur sur la santé, et d’autre part, sur le fait que les prises de conscience et la mobilisation collective peine à se faire entendre.
Certains font donc le parallèle entre le tabagisme il y a 50 ans, accepté voire encouragé, et dont la toxicité était niée, à la sédentarité aujourd’hui, qui touche quasiment chacun d’entre nous, sans que les pouvoirs publics (que ce soit au niveau national ou mondial) ne réussissent à inverser la vapeur pour modifier durablement nos styles de vie.

Pour comprendre le paradoxe de nos sociétés modernes, voici la traduction partielle d’un article paru en 2018 dans le British Journal of General Practice (à lire en anglais en intégralité ici), à destination des médecins généralistes, qui propose un œil extérieur non dénué d’humour sur notre fonctionnement.

« Rester assis est le nouveau tabagisme : où en sommes-nous ? »

Un visiteur extraterrestre serait perplexe devant la vie humaine moderne, notamment notre rapport à l’effort physique.
Après 6 millions d’années d’existence en tant que chasseurs-cueilleurs, on peut observer les humains s’abriter dans des pièces chaudes, contrecarrant les effets fatigants de la gravité terrestre en s’affalant sur des sièges confortables devant des écrans lumineux, se faisant transporter sans effort d’un étage à l’autre par des escaliers mécaniques, voire en traversant des continents assis dans des boîtes en mouvement chauffées.
Cependant, de manière déroutante, une partie de ces mêmes humains pourrait plus tard être aperçue passant leur ‘temps libre’ à courir dehors par tous les temps sans raison apparente ou, plus étrange encore, à donner de l’argent à une institution appelée ‘la salle de sport’ pour passer le temps à soulever et poser des objets lourds ou à courir sur un tapis roulant jusqu’à être rouge et en sueur.

Comment expliquerions-nous ce comportement étrangement binaire à notre visiteur interplanétaire ? Nous pourrions commencer par décrire la pandémie de ‘globésité’* où l’inactivité est estimée causer 9 % de la mortalité prématurée dans le monde. Nous pourrions vanter les vertus de l’exercice, expliquant sa contribution vitale à la santé physique et au bien-être mental, et relayer le conseil de pratiquer au moins 150 minutes par semaine d’activité physique modérée à vigoureuse pour un adulte. Notre extraterrestre pourrait acquiescer poliment tout en se demandant pourquoi les personnes dispensant ce conseil passent la majorité de leur journée affalées dans une chaise de bureau…

Et là, notre extraterrestre marque un point !
Des recherches récentes suggèrent que les modes de vie sédentaires sont eux-mêmes un facteur de risque pour la morbidité cardio-métabolique et la mortalité toutes causes confondues, même en contrôlant le niveau global d’activité physique modérée à vigoureuse (voir notre article : Sportif et sédentaire, c’est possible). Le fait que nous ne puissions pas effacer les effets d’une vie passée assis au bureau (ou sur le canapé) avec quelques visites hebdomadaires à la salle de sport est une vérité gênante à une époque où la majorité de la population reste attachée à ses bureaux et ordinateurs.

Alors, si rester assis est le nouveau tabagisme, comment arrêtons-nous ? Parmi les réponses, on trouve notamment l’adoption de bureaux debout. Cela semble être une solution simple et logique, et la tendance est en plein essor, des bureaux aux écoles.  Le principal inconvénient est que rester debout immobile pendant de longues périodes est inconfortable et peut avoir ses propres implications pour la santé (varices, douleurs aux pieds). Cela nécessite aussi de la volonté – une ressource finie, connue pour être épuisée lors de l’accomplissement d’autres tâches mentalement exigeantes. Ainsi, certains utilisateurs reviennent à la position assise après que l’enthousiasme initial se soit estompé.
Il convient aussi de s’interroger de façon plus globale sur nos modes de vie et sur notre quotidien, pour y réintroduire plus d’activité spontanée et naturelle.

Il est probable que les générations futures regarderont nos pratiques de travail sédentaires avec la même incrédulité que nous considérons aujourd’hui l’idée d’un bureau ou d’un avion rempli de fumée. Avec l’inactivité physique, le stress et l’épuisement professionnel sont souvent de réels problématiques en entreprise, il est temps de prioriser et de rechercher des activités qui améliorent, plutôt que de diminuer, notre santé et notre bien-être au travail et au-delà.

*GLOBÉSITÉ : terme employé notamment par l’OMS pour désigner l’épidémie mondiale d’obésité résultant de nos modes de vie.

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