Pendant longtemps, les personnes souffrant de maladies chroniques telles que le diabète, le cancer ou l’hypertension artérielle ont été exclues des programmes d’activité physique. Aujourd’hui, alors même qu’on sait qu’il n’existe pas de contre-indications absolues à la pratique d’un sport, la pratique d’une activité physique reste « timide », souvent peu intense. Pourtant, même si vous présentez une pathologie lourde, le sport reste un domaine dans lequel vous pouvez vous dépasser et performer.
La maladie n’est pas handicap
Les bénéfices d’une activité physique régulière ont été largement abordés dans notre article consacré au sport pour tous, sans contre-indications. Au-delà des bénéfices physiologiques dans la prise en charge de la pathologie (rappelons que le sport peut être considéré comme un médicament), la pratique d’une activité physique régulière contribue au mieux-être psychologique et au maintien d’une vie sociale habituelle, quel que soit le contexte.
Vous n’avez jamais été sportif ? Le fait de pratiquer une activité physique dans le cadre du traitement est l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes, d’intégrer un groupe, mais aussi de vous prouver à vous-même que vous êtes capable de relever de nouveaux défis !
Au contraire, vous avez toujours été sportif, et le sport en « rééducation » ne vous attire pas… Vous avez l’impression de vous limiter, vous qui aimez aller au bout de vous-même dans les activités sportives que vous pratiquez ! Bonne nouvelle : les connaissances scientifiques et les pratiques évoluent : aujourd’hui, même avec une pathologie lourde, il est possible de pratiquer une activité physique intense, et même de courir un marathon !
Le handicap est défini, notamment, comme « une limitation d’activité en raison d’un trouble de santé invalidant » . Or, dans le domaine du sport, la maladie ne doit pas constituer un handicap ! Quasiment tous les sports sont permis, y compris à haut-niveau !
Activité physique intense ou même sport de haut-niveau, c’est possible !
Vous êtes porteurs d’une pathologie lourde et/ou d’une maladie chronique, il est peut-être difficile de vous imaginer courir un marathon… Les résistances sont nombreuses dans la pratique d’une activité physique chez une personne malade, et c’est bien normal : peur de se faire mal, d’aggraver la maladie… D’emblée, les activités peu intenses sont souvent privilégiées (en plus, cela rassure l’entourage). Pourtant, tous les types d’activités sont possibles , même les plus intenses, comme le montrent ces différents témoignages.
Anais Quemener, par exemple, a 24 ans quand on lui diagnostique un cancer du sein agressif et métastasé. 8 mois de chimiothérapie, puis 2 mois de radiothérapie, durant lesquels elle continue à pratiquer la course à pied, y compris en compétition. Entre 2 séances de chimio, elle s’entraîne et ne lâche rien, malgré l’agressivité du traitement. 6 mois après sa première opération d’ablation du sein, elle est championne de France de marathon. Aujourd’hui, elle continue de s’engager pour promouvoir le sport dans la lutte contre le cancer du sein. [1]
Fabrice Huré, lui, est atteint d’insuffisance rénale depuis l’âge de 20 ans. Épuisé par les dialyses quasi-quotidiennes, à faire après le travail, il avait renoncé à toute activité, sportive, sociale… Jusqu’à découvrir la dialyse de nuit, qui lui permet de dormir à l’hôpital pendant sa dialyse, puis de mener une vie « normale ». La reprise du sport, progressive, l’a amené jusqu’à la pratique du trail, avec des participations aux épreuves les plus extrêmes. Parmi elles, la mythique Diagonale des fous, sur l’île de la Réunion : 62km de course mais surtout 4200 mètres de dénivelé, que Fabrice a bouclé en un peu plus de 17 heures. Derrière lui, toute une équipe médicale qui a suivi ses performances et adapté le traitement pour qu’il puisse réaliser ces performances extrêmes sans danger, malgré la maladie. [2]
Chez les diabétiques de type 1, pathologie qui se déclare dans l’enfance et nécessite un traitement à vie par injection d’insuline, les sportifs de haut-niveau sont nombreux, et on peut dire que leur palmarès n’a rien à envier aux personnes non-malades ! Dominique Garde, par exemple, a couru le Tour de France de 1984 à 1989 ; Steve Redgrave (britannique) a été médaillé d’or 5 fois de suite en aviron entre 1984 et 2000 ; et Gary Hall (nageur américain) a totalisé 10 médailles d’or aux JO entre 1996 et 2004. Un beau pied de nez à la maladie !
Sans aller jusqu’au sport de haut-niveau, les activités intenses sont aujourd’hui proposés à tous, y compris aux personnes souffrant de lourdes pathologies (dans un cadre contrôlé, bien sûr). Ainsi, il existe par exemple un programme de coaching triathlon-santé, qui permet de pratiquer le triathlon dans le cadre d’une rééducation ou en étant porteur d’une maladie chronique.
Autre initiative qui montre que les activité physiques intenses sont possibles pour tous : la Course du Coeur. Cette épreuve consiste à parcourir en relai sur 4 jours et 4 nuits plus de 750km (soit 70km/personne environ). Sa particularité ? Les équipes sont formées exclusivement de personnes qui ont été greffées (cœur, foie, rein…). La manifestation vise également à sensibiliser le grand public au don d’organes, en récoltant sur son passage des cœurs dessinés par les enfants. [3]
Au niveau des recommandations officielles, la synthèse de l’INSERM concernant l’activité physique dans la prévention et le traitement des maladies chroniques [4] insiste notamment sur l’intensité des exercices proposés. Chez des patients parfois très diminués physiquement (suite d’AVC, insuffisance cardiaque, BPCO), les exercices de haute intensité en intermittent sont recommandés, en complément d’une rééducation à l’effort sur des activités d’intensité plus modérées. Mais ce sont ces exercices intenses qui vont fortement contribuer à une amélioration de la condition physique, notamment au niveau musculaire et cardiaque.
Un seul impératif : être bien encadré !
Si les différentes pathologies ne sont pas une contre-indication à la pratique d’une activité physique régulière, attention à ne pas se lancer seul et sans conseils. Pour être bénéfique et sans danger, l’activité doit être encadrée par un professionnel formé aux spécificités de chaque pathologie, qui saura vous accompagner pour une pratique sans risques.
En fonction de votre pathologie, vous trouverez les activités disponibles près de chez vous dans l’annuaire de recherche du site Bretagne, Sport, Santé, avec la garantie d’être accompagné par un encadrant spécifiquement formé. Alors, quelle activité allez-vous tester ?
[1] Anaïs Quémener, une championne exemplaire. Running Attitude –> lire l’article en entier
[2] Amateur de trails, la dialyse de nuit a changé la vie de Fabrice Huré. Francve 3 Bretagne –> lire l’article en entier
[3] Zoom sur… la course du cœur –> lire l’article en entier
[4] Activité physique. Prévention et traitement des maladies chroniques. Collection Expertise collective. Éditions EDP Sciences, janvier 2019 –> lire la synthèse en ligne.