Le 13 Octobre dernier, l’émission Envoyé Spécial consacrait un numéro au boom du vélo électrique, avec notamment un sujet intitulé : Le vélo électrique est-il bon pour la santé ?, où une journaliste faisait un circuit en vélo classique puis en vélo à assistance électrique, sous l’œil d’un médecin qui concluait « pour moi, ce n’est pas du sport ».
Le lendemain, 14 octobre, le journal l’Equipe publiait un article sur le même sujet, intitulé Le vélo électrique reste-t-il efficace pour brûler des calories ?. Avec des conclusions opposées !
Alors comment faire la part des choses et s’y retrouver quand deux médias « grand public » aborde le même sujet, sous un angle présenté comme scientifique, et aboutissent à des conclusions différentes.
Pour les non-professionnels, comprendre la démarche derrière une approche scientifique n’est pas toujours évident, et ces résultats peuvent laisser perplexes. Nous vous proposons donc un petit guide de décryptage pour essayer de vous y retrouver.
Les questions à se poser pour savoir si une info est scientifique (ou pas)
La population d’étude
La première question à se poser concerne le nombre de personnes impliquées et/ou la répétition des tests effectués. C’est en effet ce critère qui va différencier l’expérience personnelle d’une réalité scientifique attestée par un même phénomène observé chez de nombreuses personnes (on parle de groupe expérimental).
Si vous lancez un dé une fois et que vous faites 6, vous ne pouvez pas en déduire que si vous le lancez 100 fois, vous ferez toujours 6…
Les conditions standardisées
Le déroulement des tests et les données relevées doivent suivre un protocole précis, identique pour tous les participants et toutes les mesures : par exemple la durée de chaque exercice, les conditions de réalisation (pour un tour en vélo : mesurer la force du vent), la puissance nécessaire.
Toutes ces données doivent être mesurées et contrôlées, sinon les différences de résultat peuvent être attribuées à l’un de ces facteurs qui auraient pu varier et pas au fait qu’on utilise un vélo classique ou à assistance électrique, pour le cas qui nous intéresse ici.
Les conditions de publication des résultats
C’est un point extrêmement important, car même quand une étude semble suivre un protocole scientifique, elle doit toujours être validée par d’autres chercheurs, qui sont des professionnels et vont juger du sérieux de l’étude et de la qualité des résultats.
Ainsi, il faut être vigilant et regarder si les résultats sont publiés dans un média libre (internet ou télévision) ou dans une revue scientifique. Dans ce dernier cas, on parle de validation par les pairs : d’autres chercheurs du même domaine ont validé le sérieux de cette étude et autorisé la publication. Précision importante : cette étape se fait de façon anonyme.
Le cas du vélo à assistance électrique : bon pour la santé, ou pas ?!
Dans le cas qui nous intéresse, aucun des 2 articles citées plus haut ne répond positivement aux questions qui nous venons d’évoquer. Dans l’émission Envoyé Spécial, on avait bien une mesure de la fréquence cardiaque (réalisée dans des conditions hasardeuses, soit à l’arrêt immédiat de l’exercice, soit plus d’1 minute après car la journaliste discute avec le médecin), mais on ne s’intéressait qu’à une seule personne. Dès lors, il est impossible de tirer des conclusions générales sur le fait que le VAE soit du sport ou pas.
Pour répondre à cette question, on peut rependre l’article que nous avions publié sur le site de Bretagne Sport Santé en Mai 2022, intitulé Le vélo, c’est bon pour la santé !
Il y était notamment fait mention d’une étude scientifique, publiée dans une revue scientifique après validation par d’autres chercheurs : Les bénéfices sur la santé de la pratique du vélo à assistance électrique : une revue systématique. Cette étude faisait la synthèse de toutes les études scientifiques sur le sujet et concluait que le vélo à assistance électrique constituait une activité physique d’une intensité intermédiaire entre la marche et le vélo sans assistance, et permettait d’améliorer les capacités cardio-respiratoires chez les sujets inactifs.
Une conclusion bien moins tranchée que les 2 articles cités précédemment, parce que souvent, la science n’a pas de réponse si précise et si tranchée…