Faire bouger les ados : mission impossible ?

Quel parent n’a jamais été agacé par le manque d’énergie de son ado ? Avachi sur le canapé toute l’après-midi, après une “grasse mat’ ” jusqu’à midi, aucune activité ne lui semble digne d’intérêt…
Alors, mythe ou réalité ? Faisons le point sur les données scientifiques avant d’essayer de comprendre ce phénomène et surtout, de proposer des solutions !

L’inactivité, un vrai fléau chez les adolescents

Et non, ce n’est pas une idée fausse de parents agacés par le manque d’activité de leur progéniture : les chiffres démontrent l’inactivité chroniques des adolescents à travers le monde.
Une étude scientifique de grande envergure, parue fin 2019, a quantifié le niveau d’activité physique de plus de 1,6 millions de jeunes de 11 à 17 ans.[1] « Ces jeunes ont répondu à des questionnaires sur leurs dépenses physiques au sens large, comprenant le sport mais aussi les déplacements actifs comme la marche ou les tâches domestiques », explique Regina Guthold, de l’OMS, auteure principale de l’étude.
Les résultats sont sans appel :

Plus de 80% des adolescents à travers le monde sont insuffisamment actifs

Et la France est loin d’être la mieux placée, avec près de 87% des jeunes adolescents français qui sont considérés comme insuffisamment actifs.
“Insuffisamment actifs”, cela signifie qu’ils n’atteignent pas les recommandations de l’OMS [2], qui sont de totaliser 1 heure d’activité physique par jour en moyenne. L’activité physique comprend bien sûr toutes les activités mettant le corps en mouvement, y compris les activités de la vie quotidienne. Sur le schéma ci-dessous, on constate que les déplacements actifs (marche/vélo) sont minoritaires chez les jeunes adolescents.
L’Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité (ONAPS) a publié en 2018 son Report Card [3], synthèse concernant l’activité physique et la sédentarité des enfants en France. On y découvre notamment des disparités garçons-filles dans l’inactivité physique, puisque derrière le chiffre moyen de 87% d’ados français insuffisamment actifs, il y a en réalité 83% de garçons et 92% de filles.

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Par ailleurs, cette tendance ne fait que se renforcer au fil du temps. Une étude consacrée à l’évolution du temps passé devant un écran chaque jour par les jeunes de 11 à 15 ans montre une augmentation considérable :  de 3h environ en 2002 à plus de 5h en 2010 pour les jours de semaine, et de et de 4h en 2002 à plus de 7 heures par jour le week-end en 2010 ! [4]

Or, on sait aujourd’hui clairement que la sédentarité est associée à une augmentation de la mortalité (quelles que soient ses causes) ainsi qu’à un risque supérieur de développer des pathologies cardiovasculaires, métaboliques et certains cancers [5]. Et ce, d’autant plus que la sédentarité survient tôt dans la vie et de manière conséquente.

A l’heure où les politiques de santé publique et tous les discours officiels prônent un mode de vie sain et une activité physique quotidienne, force est de constater qu’on est bien loin des résultats escomptés lorsqu’on s’intéresse aux adolescents. Mais pour savoir comment agir efficacement, il est primordial de comprendre pourquoi ils sont si peu actifs.

Pourquoi les adolescents ont-ils une activité physique si faible ?

C’est un euphémisme, la période de l’adolescence est parfois difficile à traverser. Pourtant, il serait trop simple de rejeter la faute sur les ados qui “ne veulent rien faire”.
Si on considère d’un côté leurs emplois du temps surchargés, et de l’autre les possibilités d’activité physique en terme de créneaux horaires et de proximité géographique, il faut se rendre à l’évidence : c’est quasi-impossible de tout gérer, même en étant motivé ! C’est d’ailleurs une des explications quant aux disparités entre les filles et les garçons [3] : l’offre sportive est beaucoup moins développée en direction des jeunes filles, qui n’ont que peu de choix et peinent à trouver une activité où elles prennent du plaisir.
D’un point du vue physiologique, il faut aussi prendre en compte le fait que le corps se transforme. Transformation morphologique, augmentation de la masse grasse…, les activités physiques peuvent sembler plus difficiles à l’adolescence pour la jeune fille. Pas évident, dans un tel contexte, de rester motivée !
Enfin, la société actuelle, les écrans en tête, représente sans doute la barrière la plus importante empêchant les jeunes de pratiquer une activité physique régulière. Les fameuses hormones du bien-être produites lors d’une séance de sport (voir notre article Avec le sport, t’as tout bon !) sont également produites en consultant son smartphone. Pourquoi alors aller se lancer dans un séance de sport ? Et surtout comment trouver la motivation pour y aller ?

Comment inciter les adolescents à bouger pour être plus actifs physiquement ?

Entre les cours et les révisions, les ados passent leur journée (et parfois une partie de leur nuit) sur les écrans. C’est un fait, mais que faire pour rompre ce cercle vicieux ?
Il est peu probable que votre adolescent soit réceptif aux discours sanitaires et scientifiques… Misez donc sur des propositions plus “funs” où il trouvera du plaisir, que ce soit en famille ou avec ses amis.

On vous a préparé un top 3 des idées d’activités pour faire bouger votre ado !

Les jeux vidéo pour bouger

C’est l’avantage des derniers modèles de consoles : pour jouer, il faut mettre son corps en mouvement ! Certes, ce n’est pas le cas de tous les jeux, mais challengez une bande d’ados sur Just Dance*, par exemple, et vous verrez qu’ils risquent de se dépenser sans compter !
* jeu vidéo dont le principe est d’imiter la chorégraphie des personnes à l’écran sur une chanson

Les sorties entre copains dans des endroits “sportifs”

C’est certainement l’idée que va préférer votre ado ! Une après-midi entre copains au Laser Game ou mieux dans un Trampoline Park. Eh oui, les aires de jeu indoor pour les petits ont évolué et aujourd’hui, ce sont des hangars remplis de trampolines que les grands s’éclatent. L’activité physique intense est garantie pour quelques heures ! Seul inconvénient : le prix de l’entrée. Pensez à une carte d’abonnement si vous habitez à proximité, ça ne revient pas forcément plus cher qu’une adhésion à un club de sport et même si ça semble plus ludique, ça fonctionne tout aussi bien pour faire bouger votre ado.

Les stages découverte

C’est bien connu, suivre les activités proposées par papa/maman, c’est ringard… A l’adolescence, les copains avant tout ! Pourquoi ne pas proposer à votre ado avachi dans le canapé un stage découverte pour lui permettre de s’initier à une pratique “fun” : roller, skate, surf… Sous forme de mini-camp pour débutants, par exemple, en format colo où il pourra retrouver ses copains. Ou tout simplement sous forme de stages pendant les vacances, à raison de quelques heures par jour. Avec un peu de chance, il développera une vraie passion et vous le verrez traverser la ville sur sa planche de skate 🙂

En conclusion, l’important à l’adolescence, plus que les discours moralisateurs, c’est d’amener l’adolescent à prendre du plaisir dans une activité physique qui va lui permettre d’échapper à la sédentarité. Ensuite, un cercle vertueux va vite s’enclencher : plus on est actif, plus il est facile de bouger, plus on le fait facilement !


[1] Global trends in insufficient physical activity among adolescents: a pooled analysis of 298 population-based surveys with 1·6 million participants. Guthold R, Stevens GA, Riley LM, Bull FC. Lancet Child Adolesc Health. 2020 Jan;4(1):23-35. doi: 10.1016/S2352-4642(19)30323-2. → lire l’article en entier (en anglais)
[2] Activité physique pour les jeunes – Recommandations pour les jeunes âgés de 5 à 17 ans. Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé. Organisation Mondiale de la Santé → lire les recommandations.
[3] Activité physique & sédentarité de l’enfant & de l’adolescent. Nouvel état des lieux en France. Report Card, ONAPS, 2018. → lire le rapport en entier.
[4] International Trends in Adolescent Screen-Time Behaviors From 2002 to 2010.  Bucksch J, Sigmundova D, Hamrik Z, Troped PJ, Melkevik O, Ahluwalia N, Borraccino A, Tynjälä J, Kalman M, Inchley J. J Adolesc Health. 2016 Apr;58(4):417-425. doi: 10.1016/j.jadohealth.2015.11.014. Epub 2016 Jan 27. → lire l’article en entier.
[5] Debout l’info ! Bulletin d’information trimestriel de l’ONAPS. Juin 2016 –> lire le bulletin en entier.

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